Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.
306
Voyages

recevoir leurs perfections que d’une confiance & d’une complaisance mutuelle. Ces qualités, si desirables pour le bonheur de la société, se trouvent quelquefois dans une jolie femme, sur-tout lorsqu’elle a des mœurs, & de l’éducation. J’ai remarqué que presque toujours le caprice, la bisarrerie, le dépit, la colère, la jalousie, l’humeur brusque & désobligeante, l’esprit de critique & la calomnie sont des défauts attachés aux laides, ou aux vieilles coquettes, qui ne peuvent plus faire d’usage de leurs appas surannés, & qui, pour leur consolation, s’amusent à médire de tout le genre humain, & à empoisonner les actions les plus simples. Ne pourroit-on pas croire que la laideur ou la vieillesse est l’enfer de certaines femmes, puisqu’elle en fait autant de démons qui ne s’occupent qu’à tourmenter les autres.

Le prince Pétulant continuoit de faire assiduement sa cour à Monime. Pourquoi, lui dit-il un jour, charmante Taymuras, doutez-vous des sentimens passionnés que vous seule êtes capable de m’inspirer ? Craindrez-vous toujours mon inconstance ? Si l’amour que je ressens avoit pu passer dans votre ame, une pensée aussi injurieuse pour un prince qui vous adore, n’auroit jamais trouvé place dans votre cœur ; cessez donc de me soupçonner de lé-