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de Milord Céton

lence ; je vous aime, ma sœur, ajoutai-je avec un peu moins d’émotion ; vous n’en sauriez douter sans être injuste : je viens exprès vous donner des preuves de mon attachement.

Alors je lui racontai l’aventure du château des génies. Monime eut d’abord beaucoup de peine à la croire ; mais quand je vins au détail des nouveaux malheurs qui nous menaçoient, je vis son front se couvrir d’une pâleur mortelle. Cher frère, me dit-elle, d’une voix tremblante, je vois avec douleur, que je ne puis plus révoquer en doute le récit que vous venez de me faire ; nos malheurs ne sont que trop réels : voilà donc ce funeste mystère éclairci.

Apprenez, mon frère, que Jacques partit hier précipitamment sans me voir : une de mes femmes, que j’ai interrogée sur ce départ, m’a protesté qu’elle ne pouvoit en deviner la cause : je sais seulement, m’a-t-elle dit, que Jacques a reçu des lettres qui lui ont été apportées par un courier exprès, & qu’il n’a pu les lire sans verser des larmes ; il s’est renfermé aussitôt avec Simon, son homme de confiance, & en sortant de son cabinet, encore tout attendri, j’ai entendu qu’il lui a dit : c’est à ta fidélité & à tes foins que je confie ces malheureux restes d’une famille toujours en proie à la douleur.