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Voyages

noître, s’arranger, se voir, vivre ensemble ; ces liaisons de galanteries durent un peu plus qu’une visite. Ils ont très-sagement trouvé qu’il falloit régler sur l’instant des desirs la faculté de les satisfaire ; c’est pourquoi ils ne font guères d’autres choix que ce qui tombe le plus commodément sous leurs mains : cependant ces amans se jurent une confiance éternelle, quoiqu’ils soient sûrs de se parjurer autant de fois qu’ils changent d’objet, & chaque défaite prépare celle qui doit suivre. L’habitude qu’ils ont du vice en efface à leurs yeux toute l’horreur. Entraînés du déshonneur à l’infamie, ils ne trouvent aucune raison qui les arrête, & on les voit faire autant de chûtes que de faux pas.

On peut comparer les Idaliens à l’éclat somptueux d’un superbe tombeau que l’art a décoré de mille trophées ; mais le dedans trop digne de pitié n’est plus qu’une carcasse magnifique, ou qu’un vrai squelette d’amitié ; tout leur mérite n’est que dans l’extérieur : chez eux lorsque l’utilité disparoît, elle ferme après elle la porte du cœur.

L’esprit des Idaliennes éclate en plusieurs occasions : on les voit d’abord employer tous les ressorts de la coquetterie pour fixer un amant qui a su leur plaire. Artificieuses & rusées ; elles ont des rafinemens dont elles seules