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de Milord Céton.

la compagnie des femmes : il est vrai qu’on a la liberté de les marchander comme une boëte à bonbons ; il est certain qu’elles se livrent toujours aux plus offrans. Une Idalienne vous tient quitte des fleurettes ; les longues déclarations l’ennuient. Soyez riche & libéral, c’est tout ce qu’il faut pour plaire. Au lieu de soins délicats & recherchés, donnez-leur de l’argent, des bijoux, des diamans, un bel équipage, une maison bien montée, nombre de domestiques ; avec ces avantages vous aurez certainement la préférence : mais il ne faut pas croire pour cela qu’elles vous seront fidelles ; vous serez trop heureux si ces belles ne vous donnent qu’une demi-douzaine d’associés. Un homme est souvent entretenu par la maîtresse d’un grand seigneur ; celui-ci en entretient lui-même une autre : ce sont, pour ainsi-dire, des baux qu’ils passent, dans lesquels leur mérite est sûrement affermé beaucoup plus qu’il ne vaut : c’est ainsi qu’ils font circuler les faveurs du simulacre de l’amour.

Dans ce monde les amans sont des gens indifférens qui se voient par amusement, par air, par habitude, ou pour le besoin du moment ; le cœur n’a nulle part à ces liaisons ; on n’y consulte que l’intérêt, la commodité, ou certaines convenances extérieures ; on appelle cela se con-