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de Milord Céton.

ces deux amans l’ouvrage d’une soirée. Leurs cœurs se communiquèrent plus aisément parce qu’ils sentoient, qu’ils se l’apprirent par des paroles ; leur trouble, leurs regards leur servirent d’expressions ; ce je ne sai quoi que les amans & les vrais amis éprouvent, que j’avois si bien senti moi-même auprès de Monime, & que cependant je ne puis rendre.

On a raison de dire que les princes vont vîte en amour. C’est une loi généralement reçue & suivie dans presque tous les mondes que j’ai visités ; mais celui de Vénus l’emporte sur tous les autres. Comme ces peuples ne vivent pas long-tems, ils abrégent le plus qu’ils peuvent tout cérémonial incommode : la constance semble être bannie de ce monde ; la volupté, l’amour des plaisirs, la bonne chère, sont leurs passions dominantes ; ils joignent encore à ces rares qualités le faste & la magnificence.

La souplesse est chez eux un caractère naturel. Un Idalien emploie toute son adresse à dissimuler ses défauts & à exagérer ses bonnes qualités. Tous les hommes s’annoncent sous les dehors les plus estimables. Tous veulent passer pour avoir des mœurs, de la probité, de l’esprit, des connoissances, du jugement & de la raison ; mais toutes ces prétentions sont chimériques,