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Voyages

prince, souffrez au moins mes adorations : Pourriez-vous vous offenser de ma liberté ? Vos yeux qui m’ont paru plus sereins que le ciel doivent être le siége de la douceur, pourquoi les armer de sévérité ? Ah ! rassurez un homme que la majesté de votre front a déjà confondu ; si j’ai fait un crime en vous déclarant mon amour, & en contemplant vos appas, c’est le crime de vos charmes. Tout ce qui respire doit adorer votre beauté. Qui pourroit vous être comparé dans l’univers ? Vous êtes digne de commander aux dieux mêmes.

Enfin le prince continua de faire valoir les sentimens passionnés qu’il avoit pour Monime, il lui jura cent fois de l’aimer éternellement, fit briller sa flamme impétueuse, & dans le transport qui l’anime il prend une des mains de Monime, la serre, la regarde tendrement ; & comme il voit qu’elle ne songe point à la retirer, il y applique un baiser tout de flamme. Ce baiser augmenta son trouble & ses desirs. Enhardi par cette faveur, il ne craint plus de les montrer. Mais que devins-je lorsque je crus m’apercevoir qu’il lui en causoit à son tour : Dieux ! m’écriai-je, je suis perdu. On sait que les mouches n’ont pas la voix forte ; je ne fus point entendu.

Enfin, plaire, aimer, se le dire, fut pour