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de Milord Céton.

cœur. Est-elle depuis long-tems à la cour ? Sait-on ce qu’elle y vient faire ? Je l’ignore, répondit le courtisan, fâché sans doute de ce qu’il prévoyoit que le prince alloit peut-être lui enlever une conquête qu’il croyoit déjà sûre ; mais, poursuivit Pétulant tout plein de son amour, son cœur n’est-il point prévenu en faveur de quelqu’un ? Ah ! si cela est, j’en mourrai de douleur : il faut m’en instruire.

Le prince Pétulant étoit dans cet âge où tout inspire l’amour & la volupté. Le plaisir paroissoit peint dans ses yeux, la tendresse dans sa physionomie, & la persuasion étoit sur ses levres. On ne pouvoit le voir sans sentir que l’amour devoit être un sentiment délicieux & fait pour triompher de la vertu la plus sauvage. ll étoit couru des femmes qui l’avoient un peu gâté en accordant trop à ses desirs, ce qui le rendoit vain & un peu téméraire.

Lorsque le jeu fut fini, le prince s’approcha de Monime & lui présenta la main pour la reconduire dans son appartement, en lui disant tout ce que l’amour peut inspirer de plus tendre. Il s’exprimoit avec ce charme de l’esprit qui cherche à plaire. L’ardeur qui brilloit dans ses yeux intimida d’abord Monime ; son étonnement lui fit garder le silence : si mes regards importuns vous fatiguent, ajouta le