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Voyages

à la quitter. Je la suivis un jour chez la reine où l’on jouoit au camagnol ; lorsque le prince Pétulant entra, Monime fut d’abord frappée de sa bonne mine, de cet air de noblesse & de grandeur que donne une haute naissance. Elle ne l’avoit point encore vu. Ce prince, absent depuis six mois pour faire rentrer dans son devoir toute une province qui s’étoit révoltée, & qui avoit causé beaucoup d’inquiétude à la cour, revenoit couvert de gloire, après avoir rempli l’attente de la reine qui lui avoit donné le commandement de ses troupes dans cette expédition. Cette princesse voulant lui donner des marques de satisfaction en présence de toute sa cour, lui fit l’accueil le plus caressant, & le combla d’éloges les plus flatteurs.

Nombre de courtisans entourèrent le jeune prince pour joindre leurs éloges à ceux de la reine ; mais apercevant Monime, à peine ce prince se donna-t-il le tems d’y répondre : enchanté de sa beauté & des charmes répandus dans toute sa personne, dieux, s’écria-t-il, en parlant à un de ses courtisans ! quelle adorable objet ! est-ce Flore ou Hébé ? Que son air est vif & touchant ! le ciel est dans ses regards ; chaque geste marque la dignité & les graces : quel son de voix ! il porte l’amour dans le