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de Milord Céton.

Monime. Je l’examinois avec la douleur d’un homme qui croit tout perdu pour lui.

Une foule de petits-maîtres arrivent, & je la vis sourire à l’un, un regard distrait & languissant étoit jetté sur un autre. Elle s’avança devant une glace pour raccommoder une sultanne de diamans qu’elle dérangea plusieurs fois pour la remettre ensuite comme elle étoit ; ce petit manége n’étoit que pour faire admirer la beauté de sa main & la blancheur d’un bras fait au tour ; puis changeant d’attitude pour donner assez de mouvement à sa jupe, afin qu’en s’élevant un peu on pût voir le bas d’une jambe admirable, & le plus joli petit pied du monde. Elle se mit ensuite à préluder à demi-voix & d’un air folâtre, pour faire naître à ceux qui l’écoutoient le desir de l’entendre, & satisfaire en même tems son amour propre par le plaisir qu’on goûte à être applaudie. Monime me parut enfin la plus accomplie petite-maîtresse qui fût dans la planète de Vénus ; non-seulement elle avoit pris les airs les plus galans des femmes, mais elle étoit encore en état de leur donner des leçons sur tous les rafinemens que peut employer une coquette lorsqu’elle veut subjuguer un amant.

On juge que je ne devois pas être à mon aise, cependant je ne pus jamais me résoudre