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Voyages

Un cœur tendre est chez ces peuples le plus noble présent qu’ils puissent recevoir du ciel ; ce n’est que la délicatesse des sentimens qui les distinguent ; c’est à l’ardeur de plaire qu’ils doivent leurs plus belles connoissances : ils prétendent que l’amour fut le premier qui leur donna l’idée de l’écriture ; l’art de la peinture fut aussi inventé par lui. Il est certain qu’en examinant chez eux les événemens les plus considérables, on voit qu’ils prennent presque tous leur source dans la tendresse.

Un Idalien croit que sans l’amour tout languiroit dans la nature ; que ce dieu est l’ame du monde, l’harmonie de l’univers, & que le ciel en créant l’homme, lui a donné ce penchant qui l’entraîne vers les femmes ; que l’amour qu’ils ont pour elles est un présent de la divinité qui leur ordonne d’aimer un sexe qui a été créé d’un limon plus épuré, puisqu’il est plus sensible & plus tendre. Pourquoi, disent-ils rougirons-nous de suivre les impressions que la nature donne, sur-tout lorsqu’elles n’ont rien de criminel que quand on les corrompt par les vices ou par la débauche ; mais ces graves philosophes de dix-huit ou vingt ans voudroient en vain combattre leurs passions, ils sont trop vifs, trop dissipés, trop foibles & trop exposés pour souhaiter