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de Milord Céton.

Les Idaliennes, plus habiles que les femmes de notre monde, ne reconnoissent point les droits que les hommes ont jugé à propos de s’approprier, ni ces règles sévères qu’ils leur ont imposées ; elles disent qu’elles sont presqu’impossibles à observer. Il est vrai que dans notre monde les hommes se croient en droit de tout exiger. Ils poussent leur bonté jusqu’à attribuer aux femmes beaucoup de foiblesse & plus de vivacité dans leurs passions, & leur demandent en même tems plus de force qu’ils n’en ont eux-mêmes pour les surmonter : je voudrois leur demander d’où vient ce privilége exclusif de pouvoir prévenir tous leurs desirs, de céder à tous leurs mouvemens, & de n’écouter que la voix de la nature, tandis qu’ils n’accordent qu’à peine aux femmes la faculté de végéter ; ils ne les regardent que comme des automates qui ne doivent servir qu’à l’ornement d’un salon qu’ils voudroient décorer de divers changemens.

Il faudroit, pour juger avec équité de la foiblesse & de l’humeur volage qu’on dit être le partage du beau sexe, réduire les choses dans une juste équité, afin de pouvoir examiner, préjugé à part, si malgré quelque légèreté qu’on attribue aux femmes, elles ne sont pas encore mille fois moins inconstantes que