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Voyages

Plus loin, on croit entendre les ruisseaux, par leur doux murmure, raconter leurs amours aux cailloux qui les environnent. Ici les oiseaux font retentir les airs du bruit de leurs chansons ; & la trémoussante assemblée de ces gorges mélodieuses devient si générale, qu’on croiroit que chaque feuille a pris la voix du rossignol : les variations de leurs chants forment un concert si parfait, l’écho y prend tant de plaisir, qu’il semble ne répéter leurs airs que pour les apprendre. À côté un fleuve jaloux gronde en fuyant, irrité de ne les pouvoir imiter. Ce n’est que dans ce monde que l’amour regne avec empire sur toute la nature, & que le ciel, la terre & les eaux reconnoissent sa domination.

Aux côtés du palais sont deux tapis de gason qui forment une éméraude à perte de vue, & qui joints au mélange confus des couleurs que la nature attache à des millions de petites fleurs qui confondent leurs nuances, & dont le tein est si frais qu’on ne sauroit douter qu’elles n’aient échappé aux amoureux baisers des zéphirs qui s’empressent pour les caresser. Il semble que des lieux si charmans voudroient engager le ciel de se joindre à la terre.

Au milieu de ces deux tapis si vastes & si parfaits, court à bouillons d’argent une fontaine