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Voyage

lustres ; il en fait des héros & des héroïnes, qu’on se montre aux promenades & aux spectacles ; & ces femmes que vous venez de voir, qui vous paroissent semblables à des divinités, & qu’on prendroit plutôt pour des déesses élevées dans l’art de plaire que pour de simples mortelles, ont toutes renoncé à la vertu & à la modestie qui est le plus bel ornement du sexe ; on les a seulement formées pour la débauche : elles ont acquis le talent de l’insinuation ; les graces du discours semblent faire couler le miel de leurs levres ; rien n’est plus persuasif que leur entretien. Elles joignent un extérieur prévenant à un air agaçant qui subjugue les hommes, & l’esprit attaché pour jamais y résiste d’autant moins qu’il trouve du plaisir à se laisser vaincre. La douce violence de ces objets flatteurs apprivoise les naturels les plus sauvages, amolit les plus féroces, enyvrent les plus forts, & asservit les plus fermes ; c’est un aimant qui attire l’acier le mieux trempé ; mais il arrive souvent qu’elles sont les victimes de leurs propres appas. Cependant ce n’est que pour ces syrennes que les Idaliens prostituent ignominieusement leur vertu & leur renommée. Quelquefois aussi le repentir les fait expier leurs transports insensés ; alors la raison revient dès qu’ils cessent