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de Milord Céton.

Le génie la transforma dans l’instant en une nymphe ; il lui donna la taille & la majesté de Diane, la jeunesse de Flore, la beauté & les grâces de Vénus, avec l’air riant de l’amour. Pour vous, mon cher Céton, dit Zachiel, je ne veux pas que vous quittiez un seul instant Monime ; comme je sai la portée de vos forces, je crois qu’il est de la prudence de ne vous point exposer à des tentations, auxquelles il est presque impossible à l’homme de résister.

J’avoue que je fus très-piqué contre Zachiel de la préférence qu’il venoit d’accorder à Monime. Pourquoi, me disois-je, donne-t-il plus de force à un sexe que tout le monde accuse de tant de fragilité ? Seroit-il possible que ce sexe qui paroît à nos yeux si délicat & si foible, conservât néanmoins plus de fermeté dans les occasions ? Quelle seroit donc l’injustice des hommes ? Alors, regardant Monime, sa beauté & ses grâces firent naître en moi de violens desirs, sans que les liens du sang y pussent mettre aucun frein ; je les avois oubliés, & m’imaginois qu’en paroissant sous ma figure naturelle, j’aurois du moins pu écarter ces amans ; je croyois être beaucoup plus sûr si Monime fut restée mouche dans l’empire de Vénus, que je n’avois lieu de l’être sous