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Voyage

plus indifférent. Ce ne peut être que dans ce monde où naquit Hébé, déesse de la jeunesse, puisque c’est à zéphir & à l’aurore qu’elle doit la vie. Les ris, les jeux, & tous les petits dieux badins ne peuvent manquer d’habiter cette cour ; je crois même que la volupté fait ici son séjour ordinaire, & que l’amour, ce dieu qui anime la nature, gouverne tous les plaisirs de ce monde.

Il est certain, belle Monime, dit Zachiel en souriant, que l’amour se fait mieux sentir dans cette partie du globe de Vénus qu’on nomme Idalienne. Cependant il est de tous les mondes, & tient le milieu entre le ciel & la terre ; mais il ne peut être un dieu, parce que les dieux sont essentiellement heureux, & que l’amour cherche toujours à le devenir : il est des momens où il éleve les hommes à la félicité des dieux, & d’autres où il rabaisse les dieux même au niveau des hommes.

L’amour, poursuivit Zachiel, tient sa naissance de deux génies que le hasard fit rencontrer ensemble ; l’un qui préside à l’abondance, & l’autre à la pauvreté. Il tient de son père l’audace, la vivacité d’esprit, la confiance en ses forces, l’art de dresser des embûches, une certaine manière de s’insinuer, de persuader & de vaincre : les qualités contraires vien-