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de Milord Céton.

une mer de jaspe qui reçoit de ces guirlandes un nouvel honneur. Sur ces deux fleuves on voit le cygne se promener, & avec un col en arc, relever comme un manteau royal ses ailes blanches, & porter en avant son corps majestueux ; quelquefois aussi on le voit quitter les eaux pour fendre la moyenne région de l’air : enfin je m’apperçus d’abord, en entrant dans le monde de Vénus, que toute la nature ne respire que le plaisir, la joie & la volupté ; & il semble que l’univers entier lui paye le tribut de son obéissance, & est forcé de rendre hommage à la prééminence de son empire.

Je ne sai, dit Monime, si le nouvel air que nous respirons influe déjà sur moi, mais j’avouerai que je me fais une idée la plus jolie, la plus riante & la plus agréable du monde de Vénus. Ceux que nous venons de visiter ne m’ont encore offert que des objets de mépris ou de compassion, celui-ci va au moins nous fournir de l’amusement. Le joli monde que celui de Vénus ! qu’il doit être charmant ! tenez, mon cher Zachiel, il me semble que je suis dans l’île de Cythère si vantée par nos poëtes. En effet, n’est-ce pas Vénus elle-même qui en est la reine ? Cette cour est sûrement l’assemblée des graces, & je me persuade qu’elle est faite pour y fixer le philosophe le