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de Milord Céton.

verez bon que je la prévienne. Elle ordonna qu’on mît ses chevaux, & sans presque répondre aux remerciemens de Tacius, qui paroissoit confondu de cet excès de bonté ; nous montâmes en carrosse, après qu’il eut indiqué au cocher l’endroit de sa demeure.

Nous trouvâmes cette malheureuse famille dans un état de langueur, qui nous fit voir combien ils avoient souffert. Je ne rapporterai point la conversation que nous eûmes avec eux : il suffira de dire que Clia & sa fille employèrent tout ce que la reconnoissance put leur dicter de plus tendre & de plus touchant pour nous faire connoître la sensibilité qu’elles avoient de nos bienfaits. Rosalie sur-tout me charma : elle s’exprimoit avec cette éloquence simple & naturelle, qui sait si bien trouver le chemin du cœur. Cette jeune femme, sans être régulièrement belle, joignoit à une physionomie fine, des graces, un air de douceur & de noblesse, que ses peines n’avoient pu effacer. Monime lui fit beaucoup de caresses, distribua à ses enfans plusieurs bijoux de prix, & nous nous quittâmes très-satisfaits l’un de l’autre. Tacius & sa famille firent assiduement leur cour à Monime pendant que nous séjournâmes dans cette ville. Le génie connoissant la pureté de leur cœur, leur assura un sort heureux & in-