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Voyages

& qui loin de nous plaindre d’un malheur non mérité, eurent encore la cruauté de nous calomnier, en débitant de fausses histoires sur mon compte, & me faisant passer pour un dissipateur. Ces bruits vinrent enfin jusqu’aux oreilles de mes protecteurs, & je fus révoqué, sans pouvoir parvenir à me justifier.

Depuis près de dix ans que je sollicite, je n’ai pu rien obtenir. Rebuté de toutes parts, forcé de vendre peu à peu les effets que nous avions pour faire vivre ma belle-mère, ma femme & trois enfans que je vois périr de besoin ; réduit enfin dans la plus affreuse misère ; & pour comble de maux, ma chère Rosalie ne pouvant plus supporter ses peines, est tombée malade ; elle est au lit depuis six semaines, privée de tous secours. Mais, que dis-je, au lit ? hélas ! madame, ce n’est qu’un mauvais matelas ? le reste nous a été enlevé pour le paiement de nos loyers, & nous n’occupons plus qu’une espèce de grenier, dont on veut encore nous chasser. Je présentai il y a huit jours un mémoire à un de mes anciens protecteurs, dans lequel je lui fais l’affreuse peinture de notre situation. Je n’ai eu pour réponse que des rebuffades ; si j’avois de l’argent à donner à quelques-uns de ses secrétaires, peut-être pourrois-je obtenir de l’emploi ; mais tout ce que