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de Milord Céton.

heur, en m’unissant à Rosalie. Elle y consentit avec joie, & notre mariage fut conclu en huit jours.

Trois années se passèrent dans une union que l’amour & la reconnoissance avoient formée. Mais, madame, que j’ai payé cher ce tems de tranquillité ! Bientôt l’orage succéda à ce calme heureux ; les créanciers de mon tuteur découvrirent que sa veuve vivoit dans l’opulence, qu’elle jouissoit de gros revenus, au moyen d’une riche succession. D’abord ils s’informèrent où ses biens étoient situés, les firent saisir, sans que nous puissions avoir le tems de nous reconnoître. Je voulus intervenir dans ce procès ; mais leurs créances étant antérieures à la mienne, ils furent préférés, parce que Clia s’étoit malheureusement engagée pour des sommes considérables. Elle eut donc la douleur de voir vendre tous ses biens, sans qu’ils puissent encore acquitter tous ses engagemens. Quoique désespérée de son désastre, elle trouvoit au moins auprès de nous des motifs de consolation, puisque mon emploi étoit plus que suffisant pour nous faire vivre dans l’aisance ; néanmoins la perte de notre procès me détermina à retrancher nos équipages & quelques-uns de nos domestiques. Cette réforme éloigna ces faux amis qui nous entouroient,