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de Milord Céton.

du grand-prêtre, & qui, entre nous, ne laisse pas de me fournir des sommes assez considérables, n’a jamais voulu consentir à se relâcher de ses usages. Il eût donc fallu me brouiller avec elle, & j’avouerai qu’elle m’est d’une grande ressource. J’assurai ce jeune homme que je me trouvois encore trop heureux de pouvoir au moins subsister.

Malgré la médiocrité que je retirois du revenu de mon emploi, je trouvai néanmoins le secret, par mon économie, d’être vêtu assez proprement. Au bout de quelques années, je rencontrai à la promenade la veuve de mon tuteur ; elle étoit avec Rosalie, sa fille : l’élégance de leur parure me les fit d’abord méconnoître : mais cette dame s’avançant vers moi : est-ce bien vous, me dit-elle, mon cher Tacius ? Que vous m’avez causé d’inquiétudes ! Je vous cherche depuis long-tems, pour réparer en quelque sorte les torts que mon mari vous a faits, en partageant avec vous notre bonne fortune.

Pendant ce discours, j’avois les yeux attachés sur Rosalie ; mon cœur se sentit ému à la vue de l’objet de ses premiers feux. Rosalie, qu’un même sentiment avoit autrefois animée, ne put aussi cacher son trouble : son front se couvrit d’une rougeur qui m’annonça que