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Voyages

à moi-même sans aucune ressource, ma première idée fut de m’engager dans les troupes ; mais le hasard me fit rencontrer un jeune homme avec qui j’avois fait une partie de mes études. Ce jeune homme remarquant de l’altération dans mon esprit, m’en demanda le sujet. Je ne fis nulle difficulté de lui confier mes peines, & l’embarras où je me trouvois. Je veux vous en tirer, me dit-il, mon cher Tacius. Commençons par aller dîner ; je vous menerai ensuite chez une dame qui est favorite d’un grand-prêtre de la fortune. Je le suivis chez cette femme, qui nous reçut poliment.

Au bout de quelques jours, mon ami vint m’annoncer que j’étois nommé à un emploi de deux mille livres, aux conditions que j’en rendrois douze cens livres à la personne qui me l’avoit fait obtenir. Quoique cette condition me parût un peu onéreuse, je ne laissai pas de lui en témoigner ma reconnoissance. Nous fûmes dans l’instant chez la dame pour y dresser notre accord. Je sortis avec mon ami, & le remerciai non-seulement de m’avoir obligé, mais encore de la promptitude & du zèle avec lequel il s’y étoit porté. J’aurois voulu, me dit-il, pouvoir vous faire jouir de la totalité du revenu de l’emploi ; mais cette femme, qui m’a choisi pour être le substitut