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de Milord Céton.

proposition, & ne fit nulle difficulté de nous accompagner.

Arrivés à l’hôtel, Monime, pour le mettre à son aise, le combla de politesses. En vérité, madame, dit ce jeune homme, je suis si pénétré de vos bontés, & de celles de monsieur, que les expressions me manquent pour vous en témoigner ma reconnoissance. Attendez, dit Monime, que nous ayons effectué le desir que nous avons de vous obliger. Parlez, monsieur, ne craignez point de déployer votre ame : l’infortune ne fait rien perdre au mérite, & ne sert que de lustre à la vertu ; nous sommes disposés à vous entendre.

J’obéis, madame, reprit le jeune homme. Vous voyez en moi un gentilhomme dont les malheurs ont pris leur source dès sa naissance. Resté en bas âge sous la conduite d’un tuteur, qui lui-même auroit eu besoin d’en avoir un, cet homme, loin de ménager les revenus d’un bien assez honnête que m’avoient laissé mes parens, en a encore dissipé les fonds, après s’être ruiné à des jeux de hasard. Sa femme & une fille unique qu’il avoit, à peu près de mon âge, furent obligées de se réfugier chez une de leurs parentes ; trop heureuses de ce qu’elle voulut bien les recevoir.

Pour moi, alors âgé de dix-sept ans, livré