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Voyages

le dur empire que Jacques exerçoit sur nous. Pour moi, sorti alors des mains d’un gouverneur, je tâchois de charmer mes ennuis par l’exercice de la chasse.

Un jour m’y étant égaré, je me trouvai à l’entrée de la nuit dans une allée sombre, qui me conduisit à un vieux château : le pont-levis en étoit baissé ; je le passai dans le dessein de demander un guide, qui pût me remettre dans mon chemin. Ne rencontrant personne dans les cours, je monte sur un perron qui sépare les appartemens : le hasard me conduisit dans une grande pièce, que je pris d’abord pour un temple.

Deux colonnades de marbre en soutenoient la voûte ; je m’avançai au milieu de ce vaste édifice, d’où promenant mes regards pour en contempler toutes les beautés, j’apperçus à droite sous l’une des colonnades, plusieurs peintures dont les figures me parurent animées ; je vis mouvoir & marcher quantité de graves personnages. Mais quelle fut ma surprise, lorsque j’apperçus le plus apparent d’entr’eux s’avancer vers moi d’un air grand & majestueux ! J’avoue qu’à son aspect je me sentis pénétré d’une frayeur soudaine, mes cheveux se hérissèrent & mes jambes mal affermies, sembloient plier sous moi ; mais n’ap-