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de Milord Céton.

profiter : j’avoue que je ne puis comprendre comment on peut soutenir le poids d’une pareille iniquité. On peut la regarder comme une intrépidité de vices où l’imagination d’un honnête homme ne peut atteindre. Tyran que tu es, quoi ! la jeunesse de cette fille en proie à tout ce que la douleur a de plus amer, n’a pu toucher ton ame, ni exciter ta compassion ; tu la regardes comme une victime qui vient s’offrir à ta lubricité : les secours que tu lui offres sont autant d’opprobres ; c’est-à-dire, que pour obtenir la justice, il faut qu’elle devienne infâme : enfin je m’aperçois que tu as étouffé en toi l’honnête homme, pour mettre le monstre en liberté. Crois-moi, il est tems encore de rentrer en toi-même, & si tu veux mériter désormais le précieux titre d’homme juste, réfléchis sur la noblesse de tes devoirs, afin de les remplir avec équité : cesse de protéger le crime & de prostituer la justice par l’abus de l’autorité qui t’est confiée : cesse d’en violer impunément tous les droits : au lieu d’être le ravisseur d’une tendre brebis, deviens-en le protecteur, & cesse enfin de regarder sous le bandeau qui t’aveugle, pour découvrir si ceux qui te sollicitent ont part à la faveur, ou s’ils s’annoncent les mains pleines d’or ; & pour dernier conseil, ressou-