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de Milord Céton.

cher Zachiel ; mais la promesse que j’ai osé faire n’est fondée que sur les secours que j’attends de vous ; car je ne puis rien par moi-même.

Je suivis le génie chez le Bacha. À peine le soleil commençoit à paroître quand nous entrâmes dans son cabinet. Le génie m’avoit rendu invisible, ainsi que lui, aux yeux de tous ses domestiques. Je viens, lui dit-il d’un air majestueux & sévère, vous empêcher de commettre la plus noire de toutes les injustices. Vous retenez depuis plus de six mois dans un affreux cachot, un jeune homme dont l’innocence vous est connue. Pourquoi tardez-vous à le remettre en liberté ? Je trouve assez singulier, dit le Bacha, que vous osiez me faire des questions : je n’ai, je pense aucun compte à vous rendre de ma conduite. Le jeune homme est condamné ; les preuves de son crime sont complettes : il faut qu’il subisse le sort réservé à ses semblables ; & votre audace me fait soupçonner que vous pourriez être un de ses complices : sur ce fondement, je puis vous faire arrêter.

Ah ! misérable, s’écria Zachiel, je lis dans ton ame & en pénètre toute la noirceur ; tu n’es que la moitié d’une créature humaine ; tu n’en as que la figure, & le penchant au