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de Milord Céton.

pitié ; mais ils ont tous refusé de me voir ; nulle espérance ne m’est offerte. Rebutée de toutes parts, le coup qui doit trancher les jours de mon malheureux frère va me percer le sein. Hélas ! qu’avons-nous fait aux dieux pour nous poursuivre avec tant de rigueur ?

Cette jeune personne s’interrompit elle-même par des sanglots, & des marques d’un si grand désespoir, que je craignis pour ses jours. Pénétré jusqu’au fond de l’ame des malheurs qu’elle venoit d’essuyer, & de ceux qu’elle avoit encore à craindre, indigné de l’injustice des Merces, j’employai ce que je crus de plus consolant pour la calmer. Cessez, mademoiselle, ajoutai-je, un désespoir que votre raison doit condamner ; soyez persuadée qu’il est encore des hommes qui chérissent la vertu, qui l’aiment, qui la respectent & la protégent. L’honneur & la probité ont toujours été mes régles ; reposez-vous sur mes soins ; comptez que vous trouverez en moi un protecteur d’autant plus zélé à vous secourir promptement, qu’il est sensible à tous les maux qui vous accablent. Je puis vous protester que vous reverrez dès demain ce frère qui cause aujourd’hui vos allarmes, venir par sa présence rétablir la tranquillité dans votre ame. Je vais employer, pour vous servir efficacement, un homme dont