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Voyages

j’appris le soir qu’il étoit détenu dans un affreux cachot.

Cependant, quoiqu’accablée par ce dernier coup du sort qui nous poursuit, je n’ai cessé depuis plus de six mois de solliciter ses juges. Hélas ! je m’étois flattée d’en avoir touché un par ma douleur & mes larmes ; il parut même m’écouter d’abord assez favorablement en me donnant la permission de parler à mon frère, de qui je tiens tout ce détail. J’informai ce juge de tous les faits qui pouvoient servir à la justification de mon frère, je plaidai moi-même sa cause. La douleur, lorsqu’elle est justement animée par des motifs d’honneur, semble être naturellement éloquente. Le juge parut se laisser fléchir ; mais ce n’étoit que dans la vue de me séduire.

Ah ! monsieur, oserois-je vous dire que cet inhumain ne m’offre aujourd’hui la liberté de mon frère qu’en cherchant à me couvrir de honte ; oui, ce n’est qu’en satisfaisant à ses infâmes desirs que je puis obtenir la justice qu’il doit à un innocent, sans quoi sa perte est jurée, & je verrai mon misérable frère traîné sur un échafaud comme un criminel, pour y subir la mort la plus honteuse. Dans cette extrémité, j’ai été pour me jetter aux pieds de ceux qui se sont rendus ses parties afin d’implorer leur