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de Milord Céton.

détournée, où trois hommes en attaquoient un avec une si grande fureur, que son cœur généreux & sensible ne put se refuser de prendre le parti de celui qu’on accabloit avec tant d’avantage. Ah ! messieurs, leur dit-il, qui peut donc vous pousser à commettre une action si injuste ? Se peut-il que vous ayez la lâcheté de vous mettre trois contre un ? Par honneur pour vous-mêmes, finissez un combat si inégal. Alors l’un d’eux, sans lui répondre, tourna la pointe de son épée pour l’en percer. Mon frère surpris, n’eut que le tems de se mettre en défense afin de parer les coups de ce fougueux. Cependant un des deux autres reçut un coup qui le renversa, & dont il mourut dans l’instant. Le bruit qu’ils faisoient attira enfin plusieurs personnes ; des gardes vinrent qui les arrêtèrent, & les conduisirent en prison. Malheureusement celui dont mon frère avoit si généreusement pris la défense, mourut un quart-d’heure après des blessures qu’il avoit reçues dans le combat, sans avoir eu le tems de justifier mon frère : les deux autres, qui appartenoient à des personnes élevées en dignité, furent relâchés sur le champ, après avoir poussé l’injustice jusqu’à charger mon malheureux frère de la mort de leur camarade. Jugez, monsieur, de mon désespoir lorsque