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de Milord Céton.

dans le dessein de chercher ce qui lui étoit nécessaire pour l’accomplissement de son projet, & je descendis chez notre hôte pour l’engager à favoriser mon frère dans son nouvel établissement. Cet homme me promit de mettre tout en usage, afin de lui en procurer la réussite.

Mais, monsieur, le bonheur & le malheur se partagent ; rarement on les voit s’unir, tout va ordinairement d’un même côté : aux heureux, nouvelles prospérités ; aux malheureux, nouveau surcroît de disgraces : personne dans le monde n’en a fait une plus cruelle épreuve que mon frère & moi. Notre vie n’est qu’un enchaînement de peines, qui se succèdent sans interruption. Toujours en butte à l’injustice, à la mauvaise foi & à la tyrannie des hommes, je n’y puis plus résister. Juste ciel ! s’écria cette jeune personne, si c’est dans l’extrémité du péril que tu te plais à signaler ta puissance, mes maux ne sont-ils pas arrivés à leur comble ?

Les pleurs de cette infortunée interrompirent son discours : j’employai ce que je crus de plus consolant pour la tranquilliser. Hélas ! monsieur, poursuivit-elle, si vous êtes né sensible, voici l’instant de jouir de votre ame, & celui de signaler votre générosité. Au nom de ce