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Voyages

Vous savez que j’ai acquis quelque teinture de la médecine ; je me suis quelquefois occupé dans notre terre de l’anatomie ; j’ai étudié la connoissance des simples ; j’ai un peu de latin ; quelques mots grecs que je sais par cœur. À ces foibles lumières je n’ai qu’à joindre beaucoup assurance, un maintien grave, une longue perruque, une canne en béquille ; en voilà plus qu’il n’en faut pour me rendre habile : bien des docteurs n’ont peut-être pas commencé avec autant de talens. Notre hôte paroît porté à nous obliger : c’est un homme simple & intéressé, auquel on peut promettre une récompense, afin de l’engager de dire à tous les étrangers qui viennent loger chez lui, que je suis un jeune homme fort habile, qui l’ai tiré d’une maladie très-dangereuse : d’ailleurs, il est connu d’un seigneur fort opulent qui loge à deux pas d’ici. Cet homme est attaqué de vapeurs qui ne sont autre chose qu’un esprit frappé, dont tous les maux gissent dans l’imagination, & qui s’affoiblit le tempérament par la quantité de remèdes qu’il se croit obligé de prendre. Si je puis avoir accès auprès de ce visionnaire, je suis sûr de le guérir de sa folie : ma recette est certaine, je ne lui donnerai que de bons consommés.

J’applaudis aux idées de mon frère : il sortit