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de Milord Céton.

ami, surpris de sa crédulité, s’est mis en tête de nous faire rendre une partie des sommes qu’arlequin & moi lui avons escamotées. Après s’être instruit de quelques-uns de nos faits glorieux, il en a fait sa plainte au juge, qui vient de lâcher contre nous un décret de prise de corps ; c’est ce qui m’engage à me tenir caché, jusqu’à ce que l’affaire soit un peu assoupie.

La hardiesse de ce coquin me surprit infiniment ; je ne pouvois me persuader qu’il y eût des gens assez simples pour donner dans de pareilles absurdités ; car pour peu qu’on veuille réfléchir, ne pourrait-on pas demander à ces prétendus sorciers ou magiciens, pourquoi ils n’emploient pas leur pouvoir pour eux-mêmes ? Pourquoi ils sont tous gueux, lorsqu’il ne tient qu’à eux de tirer des entrailles de la terre, ou des profondes abîmes de la mer, plus de richesses que n’en ont jamais possédé tous les potentats de l’univers ? Pour peu qu’on réfléchisse sur de pareilles folies, il se présente tant d’idées pour les combattre, que je suis étonné qu’elles puissent entrer dans la tête de quelqu’un ; mais en examinant la conduite des Cilléniens, je crus qu’un étourdissement général avoit frappé tous les habitants de cette planete, pour les faire agir directement contre