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Voyages

l’appartement ouvert, y étoit entré pour chercher à faire quelque capture. Arlequin faisant alors plusieurs bonds en l’air, avec des grimaces grotesques, fit une si grande peur au chat, qu’il s’enfuit, en jurant, sur les tuiles, & n’a jamais reparu depuis.

Mon camarade, pour rendre la scène encore plus touchante, leur reprocha, en pleurant, qu’ils étoient la cause qu’il s’étoit donné au diable, & qu’il ne l’avoit fait que pour leur rendre service ; que l’esprit étoit un coquin qui l’avoit trompé : il fit enfin un vacarme si terrible, que M. Oronte, craignant qu’une pareille affaire ne fît du bruit dans le monde, & ne causât un scandale qui ne pouvait retomber que sur lui, donna la liberté au prétendu magicien, en le menaçant de le faire brûler, s’il osoit divulguer cette aventure. Arlequin a promis non-seulement de se taire, mais encore de se retirer, s’il pouvoit, des griffes de l’esprit, & de n’avoir jamais aucun commerce avec lui.

Cependant M. Oronte, fâché de la perte de son argent, quoiqu’il ne soit pas encore tout-à-fait guéri de l’opinion qu’on lui a donnée du pouvoir de magiciens, a, malheureusement pour nous, fait confidence à un de ses amis de l’aventure qui venoit de lui arriver. Cet