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de Milord Céton.

elle descendit dans l’appartement de son mari, qui, effrayé lui-même de ce qu’il venoit d’entendre, se disposoit à passer dans le sien, s’imaginant l’un & l’autre que le diable tenoit le sorcier à la gorge. Ils prirent la résolution de s’exposer à toutes sortes de périls, plutôt que de souffrir qu’un homme fût égorgé dans leur logis ; car on peut dire que ce sont les meilleurs gens du monde : ils entrèrent donc dans la chambre où ils avoient renfermé le magicien, & pensèrent tomber tous deux à la renverse, lorsqu’ils apperçurent le sorcier couché tout étendu, au milieu de plusieurs ronds qu’il avoit faits sur le plancher, le visage, les mains & la chemise pleins de sang ; la chambre & les meubles en étoient aussi remplis.

Arlequin, contrefaisant le démoniaque, se mit à beugler comme un taureau : il paroissoit saisi de crainte. Hélas ! messieurs & dames, s’écrioit-il, ayez pitié de moi ; l’esprit va me tordre le cou si vous ne me tirez de ses mains : il rejette mes offrandes ; & cependant je vous jure que je ne me suis trompé que de deux virgules dans les termes que j’ai employés. Tenez, continua-t-il en redoublant ses cris, le voilà qui entre : c’est ce gros chat noir, c’est lui qui m’a mis tout en sang ; d’aventure, le chat de la maison qui étoit noir, trouvant