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de Milord Céton.

plus de trois cens ans qu’il gardoit ce trésor, qui renfermoit plus de dix millions en or, avec plusieurs vases de même métal. Le magicien le conjura encore d’apporter le trésor au milieu de la chambre. L’esprit s’en défendit, & pour le forcer, il fallut avoir une prodigieuse quantité de parfums, de cierges de cire jaune, & plusieurs machines qu’il disoit nécessaires à son entreprise. Arlequin croyoit les rebuter en leur demandant des choses presque introuvables ; mais rien ne lui fut refusé. Monsieur Oronte, impatient de toutes ces longueurs, pressa le magicien de redoubler ses invocations, & de ne point donner de repos à l’esprit qu’il n’eût enfin apporté le trésor. Le sorcier assura que la troisième nuit, entre minuit & une heure, il entendroit un grand coup de tonnerre, qui seroit le signal de l’obéissance de l’esprit à ses ordres, & de l’arrivée du trésor ; mais qu’il falloit avoir soin que tout son monde fût couché, & que personne ne parût aux fenêtres : ce qui fut ponctuellement exécuté.

Pendant ces trois jours, monsieur & madame Oronte commencèrent à jouir de leurs trésors, c’est-à-dire, qu’ils en faisoient déjà la distribution : ils cherchèrent des charges convenables, dans l’épée & dans la robe, pour leur fils, choisirent parmi la noblesse les plus grands partis