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Voyages

proposa de partir. J’attends, dit Oronte, qu’on vous ait apporté votre grimoire. Le voilà, dit arlequin, en montrant un livre qui étoit sur la table. Notre homme, surpris de n’avoir vu entrer personne, ne put s’empêcher de frissonner. Il remonta dans sa voiture avec le sorcier, que j’eus peine à reconnoître moi-même : il s’étoit déguisé de façon qu’il paroissoit avoir plus de cent ans. Madame Oronte en eut frayeur, & crut voir le diable en personne.

Ce nouveau magicien les assura que j’étois une bête & un ignorant, qu’il falloit renvoyer, parce que je m’étois laissé duper comme un sot par l’esprit, & qu’il falloit recommencer toutes mes opérations, pour vous faire voir que je suis incapable de vous tromper, dit le sorcier, c’est que je veux forcer l’esprit de vous apporter lui-même le trésor au milieu de votre appartement, afin d’éviter l’embarras & les frais du transport. Ce nouveau projet parut délicieux à monsieur & à madame : on lui donna la plus grande & la plus belle pièce pour faire toutes ses opérations.

Il fit d’abord trois invocations qui durèrent neuf jours, dans chacune desquelles il fallut encore donner quatre-vingt-treize pièces d’or, & autant d’argent. Ce diable, qui aime l’ordre, déclara à la troisième signification, qu’il y avoit