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de Milord Céton.

demanda s’il étoit encore loin du village. Le paysan dit qu’il n’étoit pas à moitié chemin. Il est inutile, ajouta cet homme, que vous preniez la peine d’aller plus loin ; je sais ce qui vous amène : je suis la personne que vous cherchez : n’est-ce pas pour un trésor qui est dans la cave d’une de vos maisons de campagne ? Oui, dit Oronte, surpris de la science de cet homme, & puisque c’est vous que je cherche, vous n’avez qu’à monter dans ma voiture. Je le veux bien, dit le villageois ; mais il faut avant entrer dans l’auberge qui est à deux pas, afin que j’écrive deux mots pour envoyer chercher mon grimoire, sans lequel je ne puis rien faire. Oronte y consentit, & lorsqu’arlequin (car c’étoit lui-même) lui eut fait tâter toutes ses poches, il griffonna sur un morceau de papier plusieurs figures, le chiffonna & le jetta en l’air, en disant : ne tarde pas à revenir. Oronte, qui ne voyoit personne, vouloit absolument qu’un de ses domestiques fût porteur du billet. Fi donc, monsieur, dit arlequin, il faudroit plus de six heures à votre domestique pour aller & revenir, & le mien sera de retour dans dix minutes. Buvons un coup en attendant.

Un quart d’heure après, arlequin, qui est le plus subtil escamoteur qui ait jamais paru,