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Voyages

Nous aurions dû nous en tenir à cette dernière saignée ; mais arlequin qui est insatiable, ne le voulut pas. C’est, dit-il, mon tour à représenter dans cette pièce : retourne chez monsieur Oronte, & dis-lui que l’esprit a paru content, qu’il ne s’agit plus que de le conjurer pour le rendre obéissant à tes ordres : mais que malheureusement on t’a volé ton grimoire ; qu’il n’y a qu’un seul homme dans le canton qui en ait un ; & si on te demande l’endroit de sa résidence, tu diras que tu sais seulement que c’est au septentrion, que tu ne connois ni son nom ni sa figure.

Je suivis le conseil d’arlequin. Oronte, semblable à ces joueurs, qui achèvent de se ruiner, en voulant courir après l’argent qu’ils ont perdu, ne voulut pas que les avances qu’il avoit faites, fussent en pure perte : c’est pourquoi il se détermina à faire chercher ce nouveau magicien, & commençant à se méfier de moi, il me garda chez lui jusqu’à ce qu’on eût découvert celui qui avoit le grimoire. Arlequin ne me voyant point revenir, se douta de l’aventure. Il dépêcha sur le champ plusieurs émissaires vers Oronte, qui indiquèrent le berger d’un village, situé à dix lieues de la ville. Oronte partit dès le lendemain à la pointe du jour ; rencontrant sur la route un paysan, il