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Voyage

passent dans la ville. Une de ces femmes vint un jour nous dire qu’elle avoit fait la découverte d’une personne très-riche & très-désireuse de le devenir davantage, & qu’il y avoit un bon coup à faire, parce que cette personne s’étoit mis en tête qu’une de ses maisons de campagne, peu éloignée de la ville, renfermoit un trésor gardé par l’esprit malin, & qu’elle étoit très-persuadée qu’on ne pouvoit y fouiller avant de l’avoir conjuré. Cette femme ajouta qu’elle m’avoit annoncé pour un grand magicien, & qu’il falloit que je me préparasse à bien jouer mon rôle, parce qu’on devoit m’envoyer chercher incessamment pour prendre langue.

Dès le lendemain je fus averti de me rendre chez la personne, qui me parla de son trésor, & me fit beaucoup de questions à ce sujet. Après qu’elle m’eut fait connoître un désir ardent de le posséder, je jugeai que j’en trouverois un moi-même beaucoup plus sûr que celui qu’elle vouloit avoir, en cherchant les moyens de puiser le plus long-tems que je pourrois dans sa bourse. Je lui dis donc d’un air de bonne-foi, que pour ne la point engager dans des dépenses inutiles, il falloit d’abord consulter l’esprit, pour se mieux assurer de la vérité du fait ; que comme ces sortes d’esprits étoient fort intéressés, je ne présumois pas pouvoir le