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de Milord Céton.

de la vertu de sa fille. Je trouble cette sécurité : je mets la jeune personne au désespoir, & je fais perdre à l’amant fortuné tous les plaisirs qu’il goûtoit dans les rendez-vous que lui donnoit sa maîtresse. Je dis aux maris possesseurs de ces femmes indolentes, qui paroissent ne se soucier d’aucun plaisir ; de ces yeux languissans, de ces femmes à vapeurs, & d’autres dont la parure annonce un extérieur modeste ; petits paniers, grands papillons, point de rouge, toujours couleur modeste dans leurs habits, qui déchirent avec amertume la réputation des autres femmes : je dis, dis je à ces messieurs : gardez vous de boire dans la coupe enchantée ; car il ne resteroit pas de quoi mouiller vos lèvres. Bon, nous avons bien affaire de tous ces tours de gobelets-là, dit Louvette : racontez-nous seulement l’aventure qui vous oblige à vous cacher.

Volontiers, dit Fourbison : je dois d’abord vous apprendre qu’Arlequin & moi avons dans la ville & les fauxbourgs plus d’un tripot, où nous tenons magasin de sorcellerie ; c’est là où toutes les femmes qui disent la bonne aventure dans les cartes, dans le marc de café ou dans des bouteilles, viennent s’instruire & nous rendre compte de la disposition des maisons où elles vont, & de mille petites intrigues qui se