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Voyage

jusqu’au sang des veines. Mais je vais le chercher, & il te contera lui-même son histoire. Finette revint un quart-d’heure après avec son père. Hé ! mon pauvre monsieur Fourbison, dit Louvette, de quoi vous avisez-vous de faîre le sorcier ? Ah, ah, reprit Fourbison d’un ton goguenard, si j’avais un aussi bon métier que celui de votre mari, je n’aurois que faire de parler au diable pour amasser de l’argent. Bon, dit Louvette, vous n’aviez qu’à vous faire procureur ; ce sont ces gens-là qui gagnent : il faut voir comme leurs femmes font les duchesses. Tenez, voilà une robe que je brode, dont le dessein a été fait pour une présidente ; mais comme je ne puis l’exécuter à moins de mille écus, la présidente la trouve trop chère, & madame la procureuse, pour qui il ne peut y avoir rien de trop beau, vient de me donner quinze cens livres d’avance. À propos, contez-nous donc votre histoire. Tout de bon, parlez-vous au diable quand vous le voulez ? Reculez-vous un peu de moi, j’ai peur que vous n’en ayez quelque petit dans vos poches qui pourroit bien me sauter au collet. Ne craignez rien, dit Fourbison, ils n’étendent point leur malice jusques sur mes amis : mais ils se plaisent à troubler la tranquillité d’une mère qui croit avoir pris toutes les précautions nécessaires pour s’assurer