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Voyages

n’ajoutoit pour présent de noces une somme de deux millions. Aurélie, sensible à un pareil affront, après avoir répondu au doux compliment de son mari avec beaucoup d’aigreur, finit par lui protester qu’elle alloit supplier son père de la reprendre chez lui, & de garder son argent pour faire annuller un mariage où les torches des furies avoient servi de flambeau nuptial.

Lorsque le père apprit les mauvais procédés de son gendre, il s’emporta avec raison : cette affaire fit du bruit dans le monde. La famille de Prodigas se mêla de raccommoder les parties, & malgré les pleurs d’Aurélie, on parvint enfin à la faire retourner chez son mari ; & le père croyant contribuer au bonheur de sa fille, ou pour mieux dire l’ambition de la voir remplir un poste considérable à la cour, le détermina à donner encore la somme que son gendre avoit exigée. Prodigas, content de cette belle expédition, bien loin de se mettre en devoir d’exécuter les nouvelles promesses qu’il venoit de faire, partit pour une de ses terres, où le jeu, les femmes & la débauche l’ont ruiné une seconde fois, & le forcent actuellement à vivre d’intrigue après avoir soutenu un long procès contre sa femme, qui s’est fait séparer de corps & de biens.