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de Milord Céton.

Il est vrai que j’ai négligé de vous avertir que ce seigneur est un homme noyé de dettes : cependant il n’a tenu qu’à lui de soutenir son rang avec tout l’éclat que joint à une naissance illustre une fortune brillante.

Ce seigneur, dont toutes les terres étoient en décret, qui n’avoit conservé de ses ancêtres que le nom, eut le bonheur de faire, il y a quelques années, la connoissance d’un de ces hommes que Plutus, dieu des richesses, a comblé de ses faveurs. Cet homme qui cherchoit à s’allier avec quelque famille illustre, afin de se mettre à couvert des recherches qu’on auroit pu faire sur l’immensité de ses biens, offrit sa fille au seigneur Prodigas, avec une dot très-considérable, afin de le mettre en état de réparer les désordres occasionnés par une conduite mal réglée, pourvu qu’il voulût à l’avenir modérer ses dépenses & les fixer à ses revenus. Prodigas, qui sans cette alliance se voyait totalement ruiné, promit tout ce qu’on exigeoit de lui, & le mariage se fit avec le plus brillant appareil. Mais figurez-vous, madame, la surprise, la honte & le dépit que dut avoir la jeune épouse, lorsque la première nuit de ses noces, Prodigas, d’un ton de mépris offensant, lui déclara que c’étoit en vain qu’elle se flattoit de voir consommer son mariage, si son père