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de Milord Céton.

duits dans le précipice. C’est alors que le bandeau tombe, & qu’ils reconnoissent l’erreur qui les a abusés. Il se sont ruinés pour satisfaire leur ostentation : ce goût du plaisir qui subsiste toujours en eux les pousse à continuer dans les mêmes excès, à quelque prix que ce soit : pour y parvenir, on renonce aux sentimens d’honneur, pour arborer l’étendard de l’intrigue & de la fourberie. On ne sacrifie plus enfin qu’au dieu des richesses, & ce n’est qu’à Plutus qu’on porte ses vœux & ses offrandes.

Vos réflexions, dis-je à Zachiel, me font craindre que le seigneur Specade ne devienne la victime de sa mauvaise conduite, & que du sein de l’opulence & des grandeurs, il ne tombe dans la misère, l’obscurité & le mépris. Cette province n’en fournit que trop d’exemples ; ce qui me porte à croire que les influences de l’air doivent agir avec beaucoup plus de force sur eux, que dans les autres provinces de la Cillénie.

La veuve chez qui nous logions, vint un jour nous présenter un homme d’une famille illustre : il se nommoit Prodigas : ce nom, connu dans la province, nous le fit recevoir avec distinction. Cette première visite fut suivie d’une infinité d’autres, qui commencèrent à nous devenir à charge. Monime, excédée de cet