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Voyages

les rendra demain : donne-les-moi. Je ne les ai pas voulu accepter, monsieur, dit Forban ; mais puisque vous vous déterminez à donner ces bijoux pour le demi-quart de ce qu’ils valent, je vous avertis qu’ils seront totalement perdus pour vous, parce que demain il ne sera plus tems de les retirer. N’importe, va les chercher ; ne perds point de tems ; prends mon carrosse pour aller plus vîte : mon crédit n’est pas tout-à-fait éteint, & je pourrois trouver d’autres ressources. Forban qui connoissoit l’impatience de son maître, revint au bout d’un quart-d’heure : il n’avoit pas été loin pour trouver cette somme, puisque lui-même en fit l’acquisition avec l’argent de son maître, & ces bijoux servirent à orner sa maîtresse. Après avoir quitté le seigneur Specade, j’entrai chez une femme pour y faire quelque emplette dont Monime m’avoit chargé. Cette femme étoit une de ces intrigantes qui se mêlent de plus d’un métier. Comme elle n’avait pas ce que je lui demandois, elle sortit pour l’aller chercher. Je me plaçai contre la porte d’une chambre voisine, & j’entendis deux personnes qui se disputoient avec chaleur. Je suis homme d’honneur & de probité, dit l’un d’eux ; la bonne foi est la base de toutes mes actions : je n’ai qu’une parole. Voici la proposition que je