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de Milord Céton.

lui, meubles élégans, cabinets bien ornés. Ce faste lui a attiré nombre de seigneurs, qui ne venoient que dans le dessein de partager son opulence. Tous ont flatté sa vanité ; il faut un titre pour briller dans le monde ; il a acheté une baronnie & plusieurs autres belles terres : ses trésors dissipés, il n’en a pu payer aucune ; aussi son but n’étoit-il que de frustrer les propriétaires d’un nombre d’années de leurs revenus. Voici les manœuvres qu’il a employées pour y parvenir. Comme il avoit la réputation d’un homme très-riche, lorsqu’il achetoit une terre, il commençoit par renouveller les baux, en faisoit même deux ou trois de la même ferme à différens fermiers, en exigeant la moitié du prix de ses baux, par forme de pot-de-vin ; ensuite il dévastoit les châteaux, faisoit enlever les meubles & les tableaux les plus précieux pour les faire vendre à vil prix : toutes les marchandises lui étoient propres sous le spécieux prétexte de négocier dans les pays étrangers ; draps, étoffes, bijoux, meubles, vin, bled, foins, pailles, avoines, & généralement tout ce qui compose le commerce, qu’il donnoit à moitié moins de leur valeur pour en avoir un plus prompt débit ; enfin après avoir accumulé des sommes considérables par plusieurs voies illicites, il disparut un jour, & vint se cacher chez moi sous un