se renfermer dans son cabinet pour répondre plus de cinquante lettres qui ne demandoient aucun retard.
Quel est donc ce cavalier, demanda Monime lorsqu’il fut sorti ? C’est un baron de nouvelle fabrique, reprit la veuve en souriant, qui m’a de grandes obligations. Croiriez-vous, madame, que je l’ai gardé chez moi pendant plus d’une année, pour le soustraire à la poursuite de ses créanciers ? Cet homme est le fils d’un honnête marchand, qui lui a laissé en mourant des biens fort considérables, & un grand crédit dans le commerce, qu’il s’étoit acquis par une probité reconnue, vivant en bon bourgeois, éloigné du faste & de toutes dépenses superflues. Celui-ci devenu son maître par la mort de son père, loin de suivre son exemple, ébloui, sans doute, de ses trésors, a d’abord commencé par vouloir imiter les plus grands seigneurs. La maison paternelle n’a pu contenir l’enflûre de son orgueil ; il en a acheté une beaucoup plus vaste ; il lui falloit des remises, des écuries, nombre de domestiques, un portier, n’osant encore prendre un suisse à moustache, équipage de ville, carrosse de campagne, chevaux d’attelage, chiens dressés pour la chasse, quoiqu’il ne sut pas encore manier un fusil ; fille d’opéra, petits soupers, partie de bal ; assemblées chez