Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
de Milord Céton.

une maison qu’elle louoit toute meublée ; c’étoit dans le plus beau quartier de la ville. Cette veuve ne logeoit que des personnes de qualité : elle étoit jolie, & avoit acquis par leur fréquentation un air d’aisance & de politesse, qui gagna l’amitié de Monime.

Le lendemain de notre arrivée, elle vint familiérement nous prier de passer l’après-midi chez elle. À peine fûmes-nous entrés dans son appartement, que nous entendîmes arrêter un carrosse. La veuve courut à son balcon, en nous faisant signe de l’accompagner. Regardez, nous dit-elle, l’élégance de cet équipage ; les peintures en sont fines, & le vernis de l’homme le plus à la mode ; c’est le baron de Friponot, qui nous amusera par ses bons mots. Friponot entra d’un air bruyant & familier : quoiqu’il eût l’air fort hardi, nous jugeâmes néanmoins à sa façon de se présenter, & à ses discours bas & trivials, qu’il n’étoit tout au plus qu’un aspirant aux faveurs de la fortune. Il fit devant nous l’homme d’importance, parla d’un projet qu’il avoit présenté aux ministres, dit qu’il étoit sûr de la réussite, débita beaucoup de fades plaisanteries auxquels la veuve applaudissoit. Elle voulut l’engager de faire la partie de Monime ; mais il s’en défendit sur la prodigieuse quantité d’affaires dont il étoit accablé, & qui l’obligeoient d’aller

N iv