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Voyage

& la charité pleines de zèle pour les misérables, s’étendoient jusqu’aux soins de pourvoir à leur subsistance. Il est vrai, dit le génie, que si l’intention du prince étoit remplie, rien n’est plus édifiant que cet établissement. Cette maison jouit d’un revenu considérable, non-seulement, par les bienfaits du prince, mais encore par une infinité de donations que de riches citoyens y ont faites, peut-être dans la vue de restituer aux pauvres des biens qu’ils avoient injustement acquis. Cependant, malgré ces immenses revenus, le pauvre y trouve à peine de quoi l’empêcher de mourir de faim, par les rapines & la mauvaise administration des gens qui sont chargés de subvenir à leurs besoins, parce que le soin de s’enrichir est le seul qui les occupe ; c’est le but où tout Cillénien aspire : leur conduite est toujours marquée au coin de l’intérêt. Sans humanité, sans droiture, sans honneur ; cruels aux malheureux, endurcis sur leur misère, ils vendent leurs services, trompent leurs maîtres, & font un commerce honteux de leur autorité.

Pour nous dérober à l’attention des curieux, Zachiel ne conserva qu’un seul équipage avec le nombre de domestiques qui nous étoient absolument nécessaires. Il nous fit descendre chez une veuve, dont le seul revenu consistoit en