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de Milord Céton.

quittâmes le grand prêtre, malgré les efforts qu’il fit pour nous retenir, & malgré les froides politesses de madame, qui s’était un peu humanisée, depuis qu’elle savoit le nombre de nos domestiques.

Nous continuâmes notre route, pendant laquelle Zachiel nous fit un portrait peu avantageux de la province que nous allions visiter. Cette ville fourmille de partisans affamés d’or & d’argent, que la perversité de leurs mœurs, de leur goût effréné pour les dépenses superflues, leur fait déja dévorer des yeux. Ce goût a corrompu, leur raison & leur esprit, pour y substituer la fourberie & la mauvaise foi dans les traités : on les voit trahir la confiance du souverain, & par un acte de félonie, s’emparer de tous ses trésors.

Près d’entrer dans la ville, nous apperçûmes un vaste bâtiment, qui attira par son étendue toute notre admiration. Monime le prit d’abord pour le logement de quelque grand prince ; mais Zachiel lui dit en souriant de son erreur, que ce superbe édifice n’avoit été élevé que dans le dessein d’assurer aux pauvres une retraite, afin de finir des jours que le travail & la misère avoient entiérement affoiblis & mis hors d’état de pouvoir gagner leur vie. Monime ne put s’empêcher de louer le prince, dont la bonté

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