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Voyage

J’avouerai que je ne fus point fâché que cet homme eût essuyé cette petite mortification : car je crois que sans le besoin que l’on a de ce présomptueux, on le laisseroit se contempler, lui, ses chevaux, son hôtel, leurs écuries, ses appartemens, les meubles & les dorures dont ils sont ornés, leurs harnois, sa table & leur ratelier. Peu envieux de son sort, on ne se donneroit pas la peine de l’en féliciter : mais il prête de l’argent : il est vrai que c’est à gros intérêts ; n’importe ; c’est toujours une ressource.

Il est certain que chez les Cilléniens, cet homme est regardé comme un de ces voleurs publics, qui, sous le faux prétexte d’avances onéreuses qu’ils ont fournies pour les besoins de l’état, munis d’édits, & de déclarations, dépouillent également, & le souverain de ses droits, & le peuple de sa substance. Malheureux instrument d’une ambition démesurée ! Usurpateur injuste, qui sacrifie indifféremment amis & ennemis, qui s’emparent de leurs biens par la violence, quand la supercherie ne leur réussit point ! Barbares, qui ne se plaisent que dans les désordres, dont ils sont les auteurs. Tel est le caractère de la noble société des sacrificateurs de la fortune. Je n’eus pas besoin des instructions du génie pour le reconnoître. Nous